Adolescent, Emmanuel Deramecourt envisageait de devenir pilote de ligne. Aujourd’hui, à 49 ans, il est notaire dans les Hauts-de-France, sa région d’origine. Et quand il a du temps libre, c’est vers la mer, et non le ciel, qu’il se tourne : il embarque sur un voilier ou pratique des sports nautiques. Exit donc les avions, mais qu’importe : dans son bureau, il est dans son élément – « Mon grand père et mon père étaient notaires eux aussi ». Après un parcours universitaire qui le conduit à Amiens, Rouen et Caen, le jeune homme décroche son diplôme de notaire et candidate très vite pour s’installer.  « C’est comme ça que je suis entré en 2002 comme associé dans l’office de Fleurbaix, près de Lille, où j’exerce toujours. A l’époque, nous avions déjà une clientèle en droit des affaires et on m’a d’emblée confié des dossiers intéressants comme la reconversion du site de l’usine Levi’s de la Bassée, qui venait de fermer. »

En deux décennies, les fondamentaux de son métier n’ont pas changé aux yeux du notaire de Fleurbaix. « La ligne directrice pour le dirigeant d’entreprise est toujours de se constituer un patrimoine indépendant de son outil d’exploitation. Et sa préoccupation essentielle, de transmettre cet outil d’exploitation à ses enfants, même s’il n’est jamais certain de pouvoir le faire. Le conseil part de ces problématiques phares. L’ingénierie du conseil, elle, a évolué au gré des lois de finances successives et avec le Pacte Dutreil, les transmissions sont devenues plus faciles.» Courriels, visioconférence, signature électronique… La généralisation des outils digitaux  a également rendu plus fluides les relations avec ses clients. Ceux-ci sont à la tête d’entreprises petites ou grandes opérant dans des secteurs aussi divers que la carrosserie et l’immobilier, l’entretien de jardin et les fusions/acquisitions. « Je ne le vois pas comme une difficulté puisque le cœur de mon expertise repose sur l’analyse des bilans, traduction chiffrée de ce que sont leurs sociétés.»

Sur un marché très concurrentiel, Emmanuel Deramecourt compte sur les spécificités de sa profession pour faire la différence. « Si je rédige beaucoup de baux commerciaux, par exemple, c’est notamment pour défendre l’acte authentique, doté de la date certaine et de la force exécutoire. Le notaire est reconnu comme garant de la sécurité juridique, un rôle que je mets volontiers en avant. Nos compétences en droit de la famille sont aussi un atout. Non seulement cela nous donne une vision globale de la situation de nos clients, mais cela fait de nous plus que des partenaires de confiance : de véritables confidents, avec lesquels on parle de sujets qu’on n’aborderait pas avec un avocat. » Au fil des années, il a découvert une autre force des notaires : leur capacité à tisser des liens durables avec leurs clients. « A mes débuts, j’ai croisé la route d’un entrepreneur qui voulait se lancer dans la production d’armoires frigorifiques destinées à la grande distribution. J’ai accompagné le démarrage et la croissance de sa société,  qui a bien grandi, et maintenant qu’il a pris sa retraite, je conseille la nouvelle génération de dirigeants. »

Tout en poursuivant ses activités notariales, Emmanuel Deramecourt s’engage pour l’avenir de sa profession, en particulier pour sa spécialité. «C’est important car même si en cinq ans, notre profession a augmenté de 60 % le nombre de notaires, de 37 % le nombre de collaborateurs et de 47 % le nombre des offices, rares sont encore ceux qui s’orientent vers le droit des affaires. Et les entrepreneurs n’ont pas le réflexe de se tourner vers nous quand ils ont besoin de conseils. » Il a ainsi participé à la création, en 2015, du label NJE (Notaire Juriste d’Entreprise) : un grand pas en avant dans la reconnaissance des compétences des notaires en matière de secrétariat juridique des sociétés, comptabilité et fiscalité des entreprises, montages juridiques destinés à la transmission… Il a également adhéré au réseau NCE, dont il vient d’être nommé  Délégué Régional Hauts-de-France, en charge des départements du Nord et du Pas-de-Calais. « Cela me permet d’agir en proximité afin de rendre le conseil aux entreprises plus accessible aux notaires et de promouvoir mon métier auprès des clients, au travers d’initiatives comme notre partenariat avec les Trophées PME RMC, qui mettent à l’honneur les PME contribuant au dynamisme de notre économie. »